Le syndrome de l’imposteur : le comprendre et le surmonter

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Définition du syndrome de l’imposteur

Identifié en 1978 par Pauline Rose Clance & Suzanne Imes sous le nom du « phénomène de l’imposteur » et non pas syndrome, ce dernier souligne un profond manque de confiance en soi qui pousse l’individu à se qualifier de fraude quant à sa réussite et ses exploits. Pour lui, ses succès ne sont pas le résultat de son travail acharné ni de ses capacités ni de son niveau intellectuel, ils sont plutôt associés à la chance, le hasard, ou à d’autres facteurs externes.

C’est justement cette association aux facteurs externes qui donne naissance à ce sentiment d’inauthenticité et de fraude. L’individu ne se sent pas digne de ce qu’il a accompli puisque, quelque part, il ne pense pas le mériter.

D’ailleurs, tel qu’il a été mentionné dans l’ouvrage « Cessez de vous déprécier ! Se libérer du syndrome de l’imposteur », ce phénomène est bien plus répandu qu’on ne le croit. Il se manifeste également chez beaucoup de célébrités, ce qui peut nous paraître étrange puisque, la plupart du temps, beaucoup d’entre nous oublient qu’elles sont tout aussi humaines.

« J’ai écrit onze livres, mais à chaque fois qu’il faut écrire sur une nouvelle page, je suis paralysée par l’idée d’être un écrivain dépassé et du passé ; que les gens réalisent enfin que je regarde un monde dans lequel je ne vis plus… »

Maya Angelou

Quels sont les symptômes ?

Parmi les symptômes les plus communs, nous avons :

• L’individu est incapable de s’attribuer sa réussite.
• L’impression de ne pas être à la hauteur dans son domaine.
• Il pense qu’on le surestime.
• Il a constamment l’impression d’être une fraude, et a donc peur d’être démasqué.
• Un perfectionnisme aigu, voire excessif.
• Un rejet des retours positifs.
• La peur de l’échec.
• La peur profonde de l’évaluation négative.

On remarquera que quelques-uns de ces symptômes sont contradictoires. La vérité, c’est que cela varie d’une personne à une autre, et il se manifeste à des degrés très variés.

« Mais bien que la crainte des imposteurs véritables d’être un jour démasqués soit justifiée, celle des personnes présentant ce syndrome est irrationnelle. »

(Chassangre & Callahan 2017)

Qui plus est, la peur de l’imposture possède deux extrêmes; soit elle infuse en nous la hargne de vaincre, de réussir à tout prix (un état d’esprit de vaincre ou mourir), soit elle nous paralyse, entrainant ainsi le processus de procrastination et risque de provoquer, au long terme, un profond mal être.

Rappelons encore une fois que ce phénomène n’est pas une pathologie, mais plutôt un obstacle, ou une barrière qui obstrue la véritable expression de soi. Toutefois, il peut s’avérer handicapant lorsque d’autres paramètres viennent s’y greffer, tels qu’une anxiété sévère, un stress chronique, etc.

Je vous invite donc à garder à l’esprit, tout au long de cet article, qu’il s’agit d’un ressenti et non pas d’un fait.

D’ailleurs, toute personne souffrant de ce phénomène adoptera une stratégie d’autohandicap, appelé le cycle de l’imposteur.

Comment se présente le cycle du syndrome de l’imposteur ?

Le cycle de l’imposteur est une stratégie d’autohandicap qui se présente comme suit :

Ce cycle est automatiquement adopté par l’individu au moment de réaliser une tâche, soit elle nouvelle ou familière. Toute tâche à réaliser est généralement accompagnée par un sentiment d’anxiété, de profond doute, ou encore de stress. C’est pourquoi l’individu aura tendance à favoriser deux types d’approches :

1- La procrastination

Elle permet d’éviter le stress et l’anxiété ressentis et elle protège l’estime de soi de la possibilité d’un échec.

2- La sur-préparation

La préparation excessive quant à elle, garantit la réussite de la tâche, afin de pallier un sentiment d’illégitimité.

Peu importe le mécanisme adopté, la tâche est généralement réussie. Bien entendu, la reconnaissance de la part de l’entourage proche ou des autres en général est automatiquement refusée, puisque l’individu ne pense pas mériter sa réussite. D’ailleurs, si c’est le mécanisme de procrastination qui a été adopté, la réussite de la tâche sera attribuée au hasard, à la chance, et à contrario, si c’est la sur-préparation, le succès est attribué à cet effort intense, et jugé instable par la personne.

Soulignons également que plus les succès s’enchainent grâce à ce cycle, et plus le sentiment d’imposture s’intensifie.

Maintenant que les symptômes sont mis en exergue, la question se pose, d’où vient-il ?

Qu’est ce qui cause le syndrome de l’imposteur ?

Tout d’abord, il est important de rappeler que douter de soi est tout à fait normal pour beaucoup d’entre nous. Cela ne signifie pas pour autant que nous souffrons du syndrome de l’imposteur. Où se situe donc la limite entre le doute commun, et la sensation d’être un escroc ?

Après avoir défini le syndrome de l’imposteur, ses symptômes, ainsi que le cycle qui l’accompagne, il est nécessaire d’en souligner l’origine afin de tracer la limite entre le doute passager et le ressenti d’imposture. Bien que chercher à retracer et à comprendre son origine n’est certes pas suffisant dans l’absolu, le but est principalement d’identifier les messages ainsi que les fausses croyances qui l’alimentent.

Les quatre types de dynamique familiale et environnementale

A l’origine du développement du ressenti d’imposture, nous avons :

1- Les appréciations contradictoires

L’image de soi véhiculée par la famille est en totale contradiction avec celles des enseignants. Par exemple, l’enfant est valorisé à l’école, alors qu’il ne l’est pas du tout une fois rentré chez lui.

2- La survalorisation de l’intelligence ou l’enfant à haut potentiel intellectuel

Si l’intelligence de l’enfant est valorisée de manière excessive avant tout autre trait, l’enfant aura tendance à considérer cette qualité comme indispensable à l’approbation des autres, particulièrement s’il réussit sans fournir trop d’efforts. Cela le pousse à croire qu’il n’a pas le droit à l’erreur s’il veut être reconnu par les autres.

3- L’enfant est « différent »

Différent signifie ici que ses compétences sont jugées atypiques par les figures parentales, ce qui entraine une absence de valorisation totale de l’enfant. C’est donc à partir de là qu’il n’aura pas forcément conscience de son intelligence.

4- Le manque de reconnaissance des réussites

L’absence totale du renforcement de l’intelligence de l’enfant, ainsi que de ses succès, du plus minime au plus important, le poussera à douter profondément de lui, et de ses capacités intellectuelles à l’avenir.

Que dois-je faire maintenant ?

Comme il a été mentionné plus haut, définir le problème est déjà une partie de la solution. Mais… ensuite ? Comment se sortir de là ?

Avant de vous citer ce qui marche pour moi, je tiens à vous faire part de mes propres ressentis tout au long de l’écriture de cet article.

Au moment même où j’écris, je ressens un mélange d’anticipation, et de pure terreur (sans exagérer). J’ai passé plusieurs semaines à faire des recherches sur ce sujet, j’ai lu tous les ouvrages auxquels j’ai pu accéder afin d’écrire quelque chose qui soit informatif, mais surtout utile.

D’ailleurs, mes prises de notes sont colossales (digitales et manuscrites). Je n’avais pas envie de faire les choses à moitié, alors j’ai fait de mon mieux pour m’informer au maximum. Mais quelque part, je me dis : Est-ce que je ne suis pas entrain de fuir le moment où cet article sera mis en ligne ? (redouter l’évaluation négative)

Il est clair que je ne suis pas une professionnelle du domaine, alors pourquoi aurais-je la prétention d’écrire cet article ? La vérité, c’est que je cherche à souligner que le syndrome de l’imposteur est beaucoup plus répandu qu’on ne le croit, et il touche beaucoup d’entre nous. Voilà pourquoi donner un nom à ce ressenti d’imposture peut énormément nous soulager. Cela signifie : je ne suis pas un(e) aliéné(e) !

Les affirmations

Je vois venir vos grimaces d’ici. Et vous savez ce qu’on dit : ne critiquez pas avant d’avoir essayé.

Notre subconscient peut se montrer très capricieux lorsqu’il s’agit d’instaurer de nouvelles habitudes, en particulier face à celles que l’on a le plus besoin d’adopter. Il n’aime pas ce qui ne lui est pas familier. D’ailleurs, « familier » ne signifie pas forcément sain ou bénéfique pour nous. C’est pourquoi il est important d’être conscient de ses pensées, de notre propre vocabulaire vis-à-vis de nous même. Et surtout, de nos comportements lorsque nous sommes en mode pilote automatique.

L’excellence est un art que l’on atteint que par l’exercice constant. Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas une action, mais une habitude.

Aristote

Les affirmations positives sont justement là pour nous aider à reprogrammer les fausses croyances que nous avons vis-à-vis de nous-mêmes.

Le but est d’ailleurs de les lire à haute voix dès le réveil. Si vous ne savez pas lesquelles utiliser, voici quelques-unes des miennes :

• J’ai le pouvoir de réaliser mes rêves.
• Je me libère de toutes les pensées destructrices.
• J’ai le pouvoir de créer ma réalité.
• Je contrôle ma vie et je choisis d’abandonner mes croyances négatives.
• J’atteindrai mes objectifs.
• Je suis fière de la personne que je suis.

Vous pouvez choisir celles qui vous plaisent. Je vous invite toutefois à les personnaliser selon vous, et à les inclure dans votre routine.

Le journaling

Il s’agit d’un rituel d’écriture quotidien, comme beaucoup d’entre nous le faisait étant enfant ou adolescent. Le but est de se consacrer quelques minutes, matin ou soir selon vos préférences, et de noter vos pensées. Les pensées en question peuvent inclure :

• Vos peurs.
• Vos objectifs de la journée.
• Ce qui vous tracasse.
• Ce qui vous rend heureux.
• Votre humeur de la journée.

Qui plus est, le nombre de mots n’a absolument aucune importance, à partir du moment où vous attrapez un petit agenda et un stylo. Notons qu’il est important que le journaling soit manuscrit, plutôt que digital (pour plus d’efficacité).

Le but, au long terme, est de reprogrammer la façon dont vous vous parlez. Vous remarquerez que c’est beaucoup plus facile d’être indulgent avec les autres que de l’être avec notre propre personne. Il est primordial d’apprendre à l’être avec nous-mêmes afin de minimiser les fausses croyances diluées par le syndrome de l’imposteur.

Conclusion

Pour conclure, le syndrome de l’imposteur peut grandement entraver notre productivité s’il est passé sous silence. Après avoir identifié comment il se manifeste, les symptômes qui vous parlent, son origine, ainsi que le mécanisme que vous adoptez, vous pouvez commencer à tracer une tout autre trajectoire.

Rappelez-vous que vous méritez chacune de vos réussites. Si vous y êtes arrivés, c’est grâce à vous, votre travail, vos efforts, ainsi que votre volonté.

Si tu es arrivé(e) jusqu’ici, tu as mon infinie reconnaissance.

Merci de m’avoir lu.